L'AFA et Ciel et Espace
Naissance de Ciel et Espace
La revue Ciel et Espace n’a pas été créée ex nihilo, mais elle est la suite logique d’une publication qui a évolué et s’est enrichie pendant plus de trente années.
L’intitulé « Le Ciel Normand » apparaît sur le numéro 8 du bulletin de la Société Astronomique de Normandie en 1946. Le titre « Le Ciel » apparaît en janvier 1960, lequel est remplacé par « Ciel et Fusée » en janvier 1965, afin de refléter également l’actualité spatiale suite au lancement du premier satellite Spoutnik. Le titre de la revue change de nouveau cinq ans plus tard, en janvier 1970, pour se recentrer sur l’astronomie d’amateur ; c’est la naissance de Ciel et Espace.
Période de fort développement de l'AFA
La naissance de Ciel et Espace marque le début d’un fort développement de l’association, désormais installée à Paris. Afin d’échapper à des tracasseries administratives et à des promesses non tenues, le siège social de l’association déménage du Palais de la Découverte à la rue de Tlemcen, dans le 20è arrondissement, au fond d’une impasse peu engageante. Malgré ces conditions difficiles, la revue continue de progresser tant et si bien, que trois ans plus tard, le siège social et le secrétariat s’installent au 115 rue de Charenton, dans le 12è arrondissement, dans les locaux exigus d’une ancienne charcuterie. L’association a désormais pignon sur rue, à deux pas de la gare de Lyon ; le maire de Paris de l’époque, Jacques Chirac, y fait une visite. La revue, de plus en plus étoffée, appréciée pour les reproductions photographiques des amateurs et leurs réalisations de qualité, progresse comme aucune autre revue d’astronomie ne l’a fait auparavant.
En janvier 1972 la revue commence à être diffusée chez les marchands de journaux par l’intermédiaire des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. Cette orientation est lourde de conséquences car elle implique de quasiment doubler le tirage. En conséquence, pour augmenter les ventes, il faut à la fois augmenter le nombre de pages, étoffer l’illustration et diversifier le contenu en créant des rubriques nouvelles destinées à un public élargi. L’opération se révèle être un succès, mais au prix d’une mobilisation accrue des bonnes volontés. La revue se met en danger de progrès !
Dérive
Le nombre d’adhérents à l’AFA, éditrice de Ciel et Espace, passe d’environ 4000 début 1976 à environ 6000 au milieu de l’année 1979. Cette forte progression fait que l’association est désormais confrontée à un dilemme : éditer une revue honnête, utile et efficace grâce aux seules forces du bénévolat en se contentant d’un tirage limité, ou s’engager tête baissée dans l’astronomie de consommation, avide de sensations, d’exploits… Cette seconde piste débouchant sur un tirage plus important n’est alors plus compatible avec le bénévolat.
Partisan de cette astronomie de consommation, Jean-Paul Trachier démissionne en mars 1978 de son poste de rédacteur en chef de Ciel et Espace pour divergence de vue avec le reste de l’équipe rédactionnelle.
Novembre 1981 : le tournant
Lors du Conseil d'Administration du 10 novembre, le président de l'association, Denis Bordat, annonce que Pierre Bourge est démis de sa fonction de directeur de la revue Ciel et Espace. Cette décision arbitraire, sans qu'un vote ne soit organisé, a néanmoins l'aval d'une majorité de membres du conseil d'administration pour qui les profits de l'astronomie commerciale en plein développement sont en ligne de mire.
Après avoir démis Pierre Bourge de sa fonction de directeur de la revue, Denis Bordat pousse le cynisme jusqu’à lui adresser une lettre dans laquelle il l’invite à aider Alain Cirou à faire paraître la revue !
Dans le numéro 258 de Ciel et Espace, Alain Cirou rédige un éditorial dans lequel il mentionne la disparition récente de Maurice Rouchy. Il écrit également que ce dernier est le fondateur de Ciel et Espace. Désormais aux commandes de la revue, non seulement Alain Cirou efface le nom de Pierre Bourge qui figurait dans tous les numéros parus entre 1970 et 1981, mais il attribue à une autre personne le rôle de fondateur ; tout est permis !